Les Bleus de l’âme, sensibilité glam
L’auteur des Bleus de l’âme est un expert des 70’s, Roxy Music, Bowie, Bolan, Iggy Pop et les autres n’ont que peu de secrets pour lui. En 2009, Enrique Seknadje publiait Le phénomène Ziggy Stardust, et autres essais (éd. Camion Blanc). Il apparaît alors comme une évidence que son opus offre des sons de ces années géniales. Entre glam-rock et pop exigeante. L’album a d’ailleurs trouvé un allié hors pairs au piano en la personne de Mike Garson. Musicien connu pour son travail avec les Smashing Pumpkins, David Bowie ou Nine Inch Nails. Garson, l’auteur extraordinaire du mythique et vaporeux Aladdin Sane. Les Bleus de l’âme distille six chansons ciselées d’or portées par des sonorités extravagantes. Bousculer l’oreille. Sa voix, aussi, hors du commun. Enrique la décrit volontiers comme « maniérée », en fait, travaillée à la manière d’un Bryan Ferry dans ses années Roxy Music. Changer le timbre de sa voix, le rendre plus musical. Ne me laisse pas tomber, en ouverture, donne le ton… amateurs de pop facile, passez votre chemin. Avec cet objet, Enrique Seknadje invite à des formes plus originales, aussi bien pour la musique que pour la voix. Musicalement, impossible de rester insensible au piano lyrique de Mike Garson qui s’invite sur deux titres A mon père (un hommage émouvant au père disparu) et J’ai bien peur, au refrain entêtant qui semble signifier le désenchantement, la perte des illusions. Les deux titres sont portés par un piano forcément poétique, et, quoi qu’on tente, pas d’échappatoire possible. Se remémorer le fil pianistique incomparable et rarement égalé : Aladdin Sane, Bowie, 73. Il y a comme un écho bénéfique à ces années d’agitations rock, à Bowie. Définitivement intemporel. Du glam-rock et de ses audaces musicales. Enrique Seknadje n’a pas peur de voguer sur ces chemins extatiques.
En français dans le texte
Son étrange étrangeté quand on connaît sa passion pour les anglophones, c’est ici, de chanter en français. Mais il dit être plus à l’aise dans sa langue maternelle, après tout, c’est lui rendre honneur que de la mener vers autre chose que les sentiers battus de la nouvelle scène française. Exit Biolay. Plaisirs Solitaires, c’est celui des garçons, mais ne cherchons pas ici la sulfure des alcôves de l’onanisme. L’auteur évoque avec élégance la jeunesse, la liberté des garçons… à la façon des personnages sauvages, modernes et décadents qu’on trouve dans les romans de Murakami Ryû. Très beau texte. Ne me laisse pas tomber, optimisme amoureux et salvateur menant lentement vers Les Bleus de l’âme. Où comment la mélancolie s’impose après les nuits d’ivresses incandescentes à danser dans les bras d’inconnues de quelque nuit extatique. Enrique Seknadje brosse un univers intime où il évoque, au fil des morceaux, un amour sans bornes pour ses sweet 70’s. Totalement rock et underground.
© Corinne Bernard, avril 2010. Parution www.vivreabarcelone.com
Site internet : Enrique Seknadje