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Festival de Sitges 09 : Rencontre avec Sergi Lopez

Photo : © Jean-Benoit Kauffmann

La fin du monde, des personnes qui s’aiment, se trompent… font des folies pour ne pas penser à l’issue fatale imminente. Les Derniers jours du monde, des frères Larrieu, déroule les jeux de personnages qui veulent poursuivre leur vie malgré le chaos. C’est Manuel Poirier qui cherchait un acteur avec accent espagnol pour La Petite amie d’Antonio (1992) et Western (1997) qui l’a découvert. Depuis, il poursuit une filmographie surprenante… La nouvelle Eve, Une liaison pornographique, Le Labyrinthe de Pan, ou, plus récemment, Partir, avec Kristin Scott-Thomas et Yvan Attal. Des rôles à la hauteur de l’immense acteur qu’il est, mine de rien. “Mine de rien” car aux antipodes de ceux qui posent, Sergi est naturel et très joyeux, comme tout Catalan qui se respecte. Conversation au soleil.

Quel personnage joues-tu ?
Dans le film, je suis très ami avec Mathieu (Amalric, Ndlr), nos chemins se croisent plusieurs fois. Mon personnage incarne le désir de vivre, d’aimer, de goûter chaque chose de la vie. Il est peut-être homosexuel, mais… bon… ce n’est pas vraiment clair… peut-être qu’il aime les garçons et les filles aussi… on ne sait pas vraiment.

On te propose souvent des rôles en demi-teinte, des personnages à double visage, comme dans Harry un ami qui vous veut du bien
Oui, c’est vrai, ce sont souvent des personnages contradictoires et inattendus, des personnages ambigus, j’ai beaucoup de chance avec ça, je le vis comme un privilège. C’est sans doute ce que les autres voient de moi. Et mon accent aussi, il aurait pu être un handicap, mais n’en est pas un, c’est presque une richesse, ça nourrit le côté mystérieux…

C’est un premier rôle dans un film de science-fiction…
Il y a le Labyrinthe de Paon et Ricky qui sont proches de ce genre là aussi. Mais je m’en fiche du genre d’un film, je n’ai pas de style précis, c’est un honneur d’être dans ce film et un honneur d’être à Sitges. Le style dans le sens formel et esthétique ne m’intéresse pas. Ici, il s’agit plutôt d’une histoire d’individus. Il raconte comment des personnes se comportent par rapport à un événement tragique. Profiter du présent, lutter contre cette dynamique de la peur capitaliste qui existe dans la vie, ça me parle…

Comment expliques-tu ton succès en France, peut-être plus visible encore qu’en Espagne?
C’est sans doute parce que j’ai plus travaillé là-bas ou alors, mon accent… peut-être…

… ou ton côté “latin lover” qui se dégage par exemple dans le dernier film d’Isabel Coixet, Mapa de los sonidos de Tokio ?
Quand j’entends ça, je pense plutôt à Antonio Banderas, lui, est un latin lover... Dans le film de Coixet, je ne pense pas être un séducteur. Il est séduit par cette Japonaise parce qu’ils parlent tous les deux anglais, c’est une langue étrangère, ils se trouvent à travers cette langue qui n’est pas leur langue d’origine. Il est sensuel plutôt, oui… la peau c’est très important…

Et notre petite question étrange… Qui es-tu Sergi ?
Drôle de question, oui ! j’aime bien ce qui est différent, ça me plaît. Je me sens de plus en plus en équilibre avec moi-même, même s’il m’arrive de me tromper dans mes choix, même si je ne suis pas cinéphile… je me reconnais dans ce que je fais, ça me parle de me battre pour ce que je défends.

Que ferais-tu si on t’annonçait la fin du monde?
J’irais dans un restaurant avec mes amis, on discuterait pour éviter de paniquer…

© Propos recueillis par Corinne Bernard, oct. 2009. Parution : www.vivreabarcelone.com, oct 09.

Les Derniers jours du monde, de Jean-Marie et Arnaud Larrieu, en compétition officielle au Festival international du Film fantastique Sitges 09. Sortie en salle en Espagne, novembre 2009.