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Josep

Avec Josep, le dessinateur Aurel raconte une période sombre de l’histoire française, celle de la Retirada et des camps où l’on a enfermé plus de 450 000 espagnols fuyant Franco en 1939. 

Républicains, anarchistes et communistes ont fui la mort certaine promise par Franco en traversant les Pyrénées pour trouver le pays des fameux Droits de l’Homme… À leur arrivée, ils ont été internés dans des camps. Prisonniers maltraités par les autorités françaises. 

Josep Bartolí, dessinateur catalan, fut l’un d’eux qui s’exila pour éviter la mort sous les fusils des milices franquistes. En France, il ne trouva pas mieux. Les Espagnols n’étaient pas les bienvenus, considérés comme des ennemis de l’État pour la simple raison de ne pas être Français, voire de représenter la grande menace communiste. La Retirada se déroule quelque temps à peine avant l’insurrection allemande et ses rafles organisées par le gouvernement de Pétain. On connaît la suite… 

Une fois n’est pas coutume, un réalisateur s’attache à souligner cet épisode peu glorieux des camps espagnols installés dans le sud français. Les livres d’histoire n’en parlent pas ou édulcorent. On ne raconte pas la maltraitance, la sous-alimentation, l’absence de soins aux malades… Aurel n’a pas peur d’évoquer ce qu’ont vraiment été ces camps de prisonniers de la Guerre civile.

Le film s’attache en particulier à la relation entre Josep et l’un des gendarmes, Serge. Serge n’est pas comme ses collègues stupides, racistes et sadiques. Serge ne veut pas être de ceux-là. Lorsqu’il observe Josep tenter de dessiner à même le sol, sur la terre battue, il lui offre en catimini un crayon et un carnet à dessin. Il recherchera aussi la fiancée madrilène de Josep, internée dans un autre camp. 

Au milieu de tout ce malheur dessiné à la pointe noire… apparaît parfois un trait de couleur. Ce sera l’évasion de Bartolí. On le voit à Mexico auprès de Frida Kahlo. Et puis une expo à New York. 

Ce film sur cette tragédie vécue par ceux qui fuyaient la Guerre civile permet aussi de découvrir le travail d’un artiste. Josep Bartolí a croqué l’enfer des camps, mais aussi ses espoirs lorsqu’il y avait lieu d’y croire… croire à la liberté. Au fil du film les oeuvres de Bartolí se mêlent au crayon d’Aurel (dessinateur pour Le Monde et le Canard enchaîné). 

On est très ému par ce grand film qui fait écho à la tragédie que vivent encore les exilés d’aujourd’hui. 

© Corinne Bernard, octobre 2020.

Josep, un film réalisé par Aurel, 2020. Avec les voix de Sergi López, François Morel, Gérard Hernandez, Valérie Lemercier, Sophia Aram.