Rodchenko 41

Rodtchenko, artiste multiple





 
Les travaux de Rodtchenko, touche-à-tout de l’avant-garde Russe, sont exposés à la Pedrera jusqu’au 5 janvier prochain. Gros plan sur un artiste sans limites de genre.

Organisée par la Caixa Catalunya, l’exposition fait écho à celle consacrée à Malevitch en 2006, grand manitou de l’avant-garde Russe. On y découvre l’oeuvre de Rodtchenko sous toutes ses facettes, de la peinture à la photo en passant par la sculpture et les affiches. Après un bref passage du côté du fauvisme entre 1912 et 1914, il se lance dans l’abstraction géométrique qu’il nomme la peinture « sans-objets ».  Il est à la recherche de formes pures. Il y a aussi le « Linéisme », combinaisons de lignes dans l’espace pour un graphisme on ne peut plus épuré. Rodtchenko va bien au-delà de l’abstraction pour une nouvelle vision formelle du dessin. Au début des années 20, il fait partie du groupe expérimental Zhivskulptarj qui  travaille sur des projets architecturaux. Puis, vient le constructivisme. Né à Moscou en 1921, ce courant réunit peintres, sculpteurs, théoriciens et architectes. Ils conçoivent l’art comme une construction en trois dimensions et non comme une simple composition sur toile. Rodtchenko se lance alors dans la sculpture et crée sa série de constructions spatiales. Des mobiles tridimensionnels et géométriques. Lors de l’exposition « 5×5=25 », à l’automne 1921, Rodtchenko montre ce qui sera l’une de ses oeuvres majeures, un triptyque représentant les trois couleurs primaires: rouge pur,  jaune pur et bleu pur. En 1922, il réalise des affiches politiques à la gloire de la Russie rouge, des affiches publicitaires et de cinéma. Il travaille pour des éditeurs à la réalisation de couvertures et pour la revue futuriste Lief. En 1925, il rencontre le poète et dramaturge Vladimir Maïakovski pour lequel il illustrera des ouvrages tels que Pro Eto, recueil le plus célèbre de l’auteur russe. La même année, il monte le pavillon soviétique pour l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris et propose son projet de Club ouvrier. Où les loisirs des ouvriers apparaissent comme une activité collective à l’opposé d’une société individualiste. Tout à fait dans l’air du temps. Le club, aux lignes géométriques propose différents espaces pratiques pour la lecture de revue ou de littérature. 1922 signe une nouvelle étape de sa création en abordant la photo. Il démarre par des collages et photomontages pour aboutir à la photographie pure. On y retrouve son goût des lignes et des perspectives graphiques. Lorsqu’en 1932 l’art libre et les groupes artistiques sont interdits, Rodtchenko est forcé de réaliser des photos pour des éditeurs étatiques. La Pedrera donne à voir une anthologie de cet artiste aux idées neuves.

© Corinne Bernard (parution dans Pilote Urbain, décembre 2008)

Exposition visible à la Pedrera (Paseo de Gracia, 92, Barcelona) jusqu’au 5 janvier 2009. Du lundi au dimanche, de 10h à 20h. Fermé les 25 et 26 décembre et le 1er janvier. Entrée libre.

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