La magie Holy Motors
Et s’il n’y avait qu’un film à voir en cette année 2012 ? Si nous n’avions pas d’autres possibilités que d’aller voir un seul et unique trésor parmi la pléthore de propositions… Il faudrait porter son choix sur le plus inhabituel, le plus extravagant, le plus complet, le plus téméraire, le plus déstabilisant, le plus fou des films. Choisir l’œuvre qui dévoilerait ce qu’on a rarement vu à l’affiche ces temps-ci : la lumière dans les ténèbres.
Denis Lavant-Monsieur Oscar interprète plusieurs rôles, plusieurs morceaux de vies hors du commun ou même banales. Comme un tueur accompli et discipliné il remplit un cahier des charges, des lieux, des personnes à rencontrer, à tuer ou à sublimer. Nous, spectateur, sommes promené au centre de mirages. À travers la caméra, objet focal et catalyseur, nous vivons la magie. Il suffit de se laisser porter sans chercher l’issue. Des images incroyables surgissent pour rappeller que le cinéma, la vie, le théâtre, sont imbriqués dans une sorte d’étrange collusion. Monsieur Oscar demande à Céline (superbe Édith Scob dans le rôle de chauffeur-ange gardien) : “où sont les caméras ? autrefois on les voyait…” Monsieur Oscar est-il une sorte “d’acteur à gages” ? Est-il simplement en train de réinterpréter des morceaux ou des fantasmes de sa propre vie ? Au final, n’est-ce pas le rôle du cinéma que de nous bluffer totalement, que de nous faire oublier les caméras ? C’est en tout cas la question que semble poser le réalisateur de Mauvais sang, à travers cette œuvre totalement hors-champ. À voir et à revoir aussi.