Just a perfect poem
photo : © Jean-Benoît Kauffmann, www.jean-benoit.com
Avec Kosmopolis 08 c’était la fête de la littérature au CCCB, du 22 au 24 octobre dernier. Quatre jours plus près des livres avec en point d’orgue, la venue du mythique Lou Reed le 24 pour… Une lecture de poésie catalane.
Avec sa femme Laurie Anderson (en Duplex des Etats-Unis), les deux artistes-poètes ont délaissé Allen Ginsberg au profit de Joan Brossa, Salvador Espriu, Josep Carner et autres noms de la prosodie catalane. Ils ont proposé ici, à Barcelone, une lecture qui a eu lieu il y a un an et demi à New York dans le cadre d’une célébration de la Catalogne. A ce moment là, Lou Reed était accompagné de l’égérie du rock made in New York, Patti Smith. Plus de 1 000 personnes sont venues au CCCB écouter Lou Reed mais c’est Laurie Anderson qui l’a emporté avec ses manières suaves et sympathiques et sa diction parfaite. Tandis que Lou Reed semblait figé, moins à l’aise dans le rôle du lecteur que dans celui du musicien. C’était pourtant une nuit parfaite. Et si l’on ne saisissait pas toujours la teneur de certains poèmes abscons, la simple rythmique, les voix de Laurie et de Lou nous allaient droit à l’âme et au coeur. Car, au fond, la poésie n’est-elle pas aussi mélodie? Et bien qu’on préfère Lou Reed en chanson, la soirée avait quelque chose d’exceptionnel par sa couleur intime et mélodieuse. Et quel plaisir délicieux que d’entendre et de voir ces deux artistes complets de l’underground américain. Même s’il est loin le temps d’un Lou Reed flirtant avec le glamour et les frasques dandys d’un Bowie ou d’une Patti Smith. Loin aussi, l’époque du Velvet Underground porté aussi par John Cale et Nico. Le vieux Lou s’est assagi mais on ne lui reprochera pas d’avoir été un brin glacial avec son public ce soir-là. Peu importe son air austère, quasi-universitaire, après tout il était là pour lire des poèmes. Il est vrai que la poésie a toujours appelé au sérieux, au recueillement, plutôt qu’aux agapes. Donc, pas de critique Monsieur Lou Reed. Au contraire, il a choisi de s’effacer, de ne pas se poser en vedette pour laisser entendre les mots et uniquement les mots. Pour finir, une soirée mémorable qui donnait envie de relire les poètes.
© Corinne Bernard (parution sur le net : www.piloteurbain.com)