Marianne Faithfull à Barcelone
photo : ©Jean-Benoît Kauffmann (vivreabarcelone.com)
L’égérie rock en toute intimité
Marianne Faithfull a ouvert la 7e édition du festival de musiques Mas i Mas, le 29 juillet, à L’Auditori de Barcelone. La grande dame du rock était accompagnée d’un combo de musiciens hors pairs qui mêlaient sans fautes d’accords la guitare électrique à la clarinette. Un show élégant aux airs de rendez-vous.
Toujours rock, Marianne Faithfull a aujourd’hui le charme supplémentaire d’une grande dame qui traverse le temps en préservant une grâce infinie. En tailleur noir, chemise blanche, lèvres rouges. Sa voix, un palimpseste des drogues, des blessures, la vie comme un crime. Sa signature. Voir Marianne Faithfull est toujours un moment de magie et d’émotion, le temps suspendu. Elle dégage une chaleur rare. Le public ne s’y trompe pas, toujours balancé entre sentiments et énergie rock. Avec Easy come easy go, son dernier opus paru à l’automne dernier, la belle partage ses coups de coeur. Des titres de Duke Ellington, Bessie Smith, Morrissey, Billie Hollyday, Rufus Wainwright ou Brian Eno. L’éclectisme comme marque de fabrique. Une survivante des années déglinguées, ces 60’s et 70’s que d’autres, tels son ami Brian Jones, n’ont fait que traverser avec fulgurance via un billet pour l’éternité. Marianne a dépassé toutes les frasques de l’addiction pour n’en garder qu’une : la scène. Musique, théâtre, cinéma (merveilleuse passionaria dans Irina Palm). La muse de Mick Jagger et son compère Keith Richards, -mais aussi celle de Chéreau, Godard ou Badalamenti- est sortie des enfers au début des années 80 avec le succès de Broken English. Aujourd’hui, la critique et le public la vénèrent et c’est normal. En 2009, elle est là. Apaisée, en osmose avec son public. Elle choisit les petites scènes pour des shows humains où se livrer ne l’effraie pas, entière. Une vraie rencontre avec elle. A Barcelone (manquée l’an passé, contrainte d’annuler son rendez-vous au Palau de la Musica), c’est à L’Auditori qu’elle convoque ses fantômes, tout en intimité et pudeur, en sourires doux et échanges élégants : «As tears go by… a song from my seventeen’s… », peut-être pas ses sweet seventeen , elle qui s’est laissée happer par les amours rock, forcément fulgurantes. « Falling… everything is falling… », chante-t-elle, comme un écho à ses multiples vies. Et puis, « A lovely song call The ballad of Lucy Jordan… », la belle promenade qui l’a propulsée vers quelque paradis en 1979. L’égérie rock est accompagnée de musiciens splendides, des touche-à-tout qui passent, sans ambages, du saxophone au piano, de l’accordéon au saxo, de la guitare à la scie musicale (!) sans oublier la guitare électrique sans laquelle le rock n’est pas (splendide Broken English… électrique et hypnotique!). Elle, comme une diva dans l’âme, généreuse et classe au possible, embrasse un standing ovation final. So rock!
© Corinne Bernard (parution www.vivreabarcelone.com), juillet 2009. Photo : Jean-Benoît Kauffmann.
Festival MasiMas 2009, Barcelone. Concerts indie/rock/pop jusqu’au 4/09/09 au Jamboree, L’Auditori et Luz de gas. Toute la programmation sur : www.masimas.com/festival