Gainsbourg Couverture

Serge Gainsbourg, une vie


 

 

Tony Frank est le photographe de la couverture de Melody Nelson. Son livre, Serge Gainsbourg, raconte en photo la part intime du musicien, backstage et en famille. Avec Gainsbourg, vie héroïque, de Joann Sfar, 2010 est l’année Gainsbourg, définitivement. Le film s’accompagne de la sortie de nombreux ouvrages sur le “sujet ” Gainsbourg. Il flotte avec lui, son image, un air de mélancolie et de fierté. Comme si la culture hexagonale se cherchait un nouvel étendard à travers une icône intemporelle. Un emblème. Car il était celui qui osait contrecarrer “l’establishment” de son pays et toute forme d’autorité. En ce sens, Gainsbourg le révolté savait mieux que personne ce que signifie être soi-même. Parfois avec excès (le billet de 500 francs brûlé sur un plateau télé). Mais qui d’autre mieux que lui aurait pu crier sa révolte face aux figures imposées?

Des photos de famille avec Jane
Que l’on soit de France ou d’ailleurs, Gainsbourg, c’est aussi Gainsbarre, la provoc’, la décadence, le poète des temps modernes. Souvent maudit pour ses frasques. Tony Frank a été pour lui bien plus qu’un photographe, c’était un ami proche de la famille. On le voit sur les photos de ce beau livre paru aux éditions du Seuil. Gainsbourg dans l’intime avec Jane. Les premières années avec elle, ils se sont rencontrés en 1968. Des photos d’eux en 1969, chez Régine, figure de proue du Palace et autres nuits parisiennes. Des baisers, pas volés, dans des jardins, les jeux d’un amour frais… Des moments complices partagés avec l’objectif. Jane, sur les montagnes russes de Battersea Park, à Londres, en 70. Ou encore, avec Kate dans les bras, dans la maison de Chelsea. Juillet 71, l’arrivée de Charlotte à Londres, tout juste quelques mois après sa naissance. Gainsbourg souriant avec la petite Charlotte dans les bras.
5 bis, rue de Verneuil
Et puis, le 5 bis, rue de Verneuil, l’appartement noir. Où chaque bel objet est à sa place. Serge Gainsbourg montre ses trésors au photographe, nous sommes dans son bureau, 1979. Une pile de livres, dont un sur Marilyn. Quelques exemplaires de la revue Le Film français, avec en couverture l’affiche de Je t’aime moi non plus, sorti en 1976. Sur une autre photo, il prend la pose. Un verre de vin à la main, une cigarette… Des vinyles du Poinçonneur des Lilas et d’autres albums sont dispersés à ses pieds. Plus tard, les années 80. Des prises de vue devant l’entrée du Palace. Son nom en capitales lumineuses. Il fume des gitanes, toujours, il porte sa veste de velours noir, rayée, une chemise blanche. Dandy aussi, M.Gainsbourg.
Charlotte for ever…
Il y a les années Charlotte. Sous l’oeil de Tony Frank, on sent la complicité père-fille. Des rencontres backstage, avant l’entrée en scène au Casino de Paris, 1985. Et puis, le trio Jane, Serge et Charlotte. Ou encore, le tournage du sulfureux Lemon Incest, au mois d’août de la même année. Une chanson mal comprise. Serge Gainsbourg répondait pourtant aux accusations ambiguës en soulignant l’importance du refrain : “L’amour que nous ne ferons jamais ensemble est le plus beau (…)”. Mais le public s’alimente de scandale. Charlotte aura été l’une des ses dernières muses. Le livre compte d’autres images qui raviront les admirateurs mais aussi ceux qui recherchent les témoignages d’une époque. On trouve par exemple, les prises de vues de 1971 pour le 33 t L’Histoire de Melody Nelson. Birkin a les cheveux rouges. L’ouvrage se referme sur ses dernières années. Avec Bambou, et leur fils, Lucien. “Le p’tit Lulu” comme il le nommait en souvenir du prénom qu’il avait porté, enfant. Le photographe de Salut les Copains, ajoute une touche intime et poétique sur tous ces instants partagés. Au fil des images, on s’imagine qu’un autre rendez-vous suivra. D’autres clichés rue de Verneuil.
 
© Corinne Bernard, juin 2010. Photo : © Tony Frank.
 
Serge Gainsbourg, Tony Frank, 168 pages, 35 euros, éditions du Seuil.

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