Avec Ensemble, c’est tout, Anna Gavalda plonge le lecteur dans un long moment heureux. 608 pages à lire comme on fait un beau voyage. Camille, Philibert et Franck sont pourtant criblés de fêlures. Camille dessine avec talent et fait des ménages, Frank est un cuisinier sauvage et râleur. Philibert est d’un autre temps et garde un appartement de famille près de la Tour Eiffel. C’est là qu’ils vont se retrouver tous les trois et mener une vie à la Jules et Jim. Et puis, il y a la grand-mère de Franck, Paulette… Ce petit monde, tout en oppositions et blessures, va retrouver le goût des choses. Anna Gavalda a le don de réparer les cœurs et de magnifier le quotidien. Pas étonnant, cette femme revendique sa vie heureuse consacrée aux livres et à ses enfants. Tout va bien.
Philibert et Franck sont fragiles et ne cachent pas leurs faiblesses à l’instar de héros féminins… Pensez-vous qu’il existe une écriture féminine et une écriture masculine ?
Les garçons sont un peu filles et les filles un peu garçon. Fille ou garçon, la seule distinction c’est de savoir s’il s’agit de personnes fréquentables ou pas. Pour moi, ils sont pareils. Avec ce livre, il y a autant de lecteurs que de lectrices.
Peut-on parler de roman d’apprentissage ?
Bien sûr. Mes livres préférés sont des textes d’apprentissage. Vous leurs faites passer des épreuves comme dans Moon Palace (de Paul Auster, Ndlr) où ce personnage se perd à Central Park. Je me suis laissée avoir, je voulais raconter l’histoire de Camille et Franck et puis Philibert et Paulette sont arrivés. J’aime beaucoup les personnes âgées, du coup c’est un roman d’apprentissage à quatre. Je voulais aussi écrire un livre qui rende heureux, qu’on dise : « Lis ça, ça va te rendre heureux ! » Je tenais à cette idée d’onde positive. Je suis d’un naturel très gai alors j’ai écrit un conte de fées. D’ailleurs, Camille est une fée. D’habitude j’écris des fins ouvertes à la Luc Besson, là, j’assume le conte de fées.
Pourriez-vous écrire un roman sur des héros sans failles ?
Non, ça n’existe pas. Tout le monde a son quota de bosses, les gens qui savent tout sur tout ne sont pas très intéressants. Le prochain roman sera une histoire d’amitié entre deux hommes.