Vuelo De Brujas 1797 Goya Jpg

Goya, Ombres et Lumières

Vol de sorcières, 1798. Musée national du Prado, Madrid.
La Maja vêtue, 1800-1807. Musée national du Prado, Madrid.
Aun aprendo, 1825-28. Musée national du Prado, Madrid.
Pour fêter ses dix ans, Caixa Forum Barcelona présente une expo consacrée à Goya. « Luces y sombras » est organisée en coproduction avec le musée du Prado. À voir jusqu’au 24 juin.
Luces y sombras, Ombres et lumières, n’est pas une « anthologie de l’oeuvre de Goya mais plutôt une exposition sur des aspects plus personnels de son oeuvre», soulignait Miguel Zugaza, directeur du musée national du Prado, lors de la présentation de l’exposition. Pour cette première à Barcelone consacrée au peintre espagnol, le choix a été fait de 27 toiles, 44 dessins, 23 estampes et 2 lettres manuscrites. Des pièces parmi lesquelles une série impressionnante issue de rêves où Goya, en effet, se dévoile sous ses aspects plus intimes. Le rêve est pour lui l’exutoire à une société dont il n’aime pas toutes les figures. Ainsi, la tauromachie ou la religion, deux sujets forts, deux thèmes chers à l’Espagne de son siècle et que Francisco de Goya n’apprécie pas. On voit, par exemple, à travers certaines toiles et estampes sur les taureaux, la dénonciation de la violence de l’humanité. Et il n’hésite pas à donner des ailes au taureau, l’invitant à s’envoler, pour échapper au jeu maléfique des hommes (El toro mariposa. Fiesta en el ayre. Buelan buelan, vers 1825-1828, dessin). La série de dessins Caprichos (Caprices, 1799) représente souvent des êtres ou animaux ailés. Des femmes ailées, symbole d’inconstance… pour l’artiste aux nombreuses histoires d’amour. Volaverunt, autre estampe, représente une femme avec des ailes de papillon sur la tête (identifiée comme son amie la duchesse d’Albe). Volaverunt, le vocable latin s’utilisait alors pour exprimer ce qui était perdu, ou qui manquait : la raison, la constance. De cette amitié-amoureuse entre le peintre et son modèle sont nés deux tableaux célèbres, La Maja nue et La Maja vêtue, cette dernière est l’une des toiles les plus connues que l’on peut voir ici, aux côtés du non moins fameux Parasol (1777), œuvre de commande des Princes des Asturies. 
Les Sorcières
Et puis, pour exorciser ses angoisses toujours et son mécontentement envers une société où il ne se sent pas à sa place, Francisco de Goya peint en 1798 un tableau saisissant. Vuelo de brujas, Le Vol des sorcières (1798), est une métaphore de la connaissance et de l’ignorance. Soit une nouvelle Allégorie de la Caverne où l’ignorance est représentée par un homme se cachant la tête avec une couverture pour ne pas voir un jeune paysan emporté dans un vol vers la lumière par trois hommes (les sorcières, ici symboles du savoir). Le peintre représente aussi les sorcières dans sa série de dessins Caprices, elles sont alors la métaphore de la réalité. Vers la fin de l’exposition, comme au début, sont montrés des autoportraits. Goya, comme souvent les artistes, était préoccupé par la mort, mais sa vie artistique et sa soif de connaissances, ses voyages, l’animent jusqu’au bout à poursuivre son travail. Et l’on peut voir un autoportrait où il se dévoile très vieux, un dessin où il pousse le détail jusqu’à ce regard aqueux des yeux qui ont vu tant d’années défiler. Il s’agit de l’une des œuvres réalisées à Bordeaux, dernière étape de sa vie. Il est comme un sage, le dos vouté, une canne à chaque main pour s’appuyer. Il nous regarde en laissant apparaître un léger sourire malicieux derrière une longue barbe grise… En haut à droite du dessin, Goya a écrit Aun aprendo, J’apprends encore (1825-1828)… Tout est dit.
© Corinne Bernard, mars 2012. Parution : vivreabarcelone.com

Luces y sombras (Ombres et lumières), exposition visible jusqu’au 24 juin 2012 à Caixa Forum Barcelona, av. Francesc Ferrer i Guàrdia, 6-8, Barcelone.
Du lundi au vendredi, de 10 h à 20 h. Samedi et dimanche, de 10 h à 21 h. Horaire spécial jusqu’au 20 mai : mardis et jeudis, ouvert jusqu’à 22 h. Entrée libre.

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