Hiro Matsuoka

Hiro Matsuoka, images élégantes

Au hasard des galeries on peut parfois faire des rencontres extravagantes. Ainsi, cet artiste japonais aux photos captivantes que l’on croise au détour d’un vernissage, galerie Kowasa, Barcelone. Lui, a choisi de croquer la beauté à travers un objectif caressant. Car chacune de ses images est comme une caresse, une invitation à la beauté douce, à l’élégance discrète. Une nuque, un talon haut, une bouche de velours, des cheveux longs, des jambes effilées…  En demi-teinte, jamais totalement dévoilés. Cacher pour mieux montrer. Tout est dans le détail. Ce serait le leitmotiv avoué de l’artiste. Il y a de l’épure si japonaise dans les photos de Hiro Matsuoka (1968). Il dépeint la beauté d’une manière singulière et minimaliste, en jouant avec les ombres, en ne montrant que les bribes de ce qu’il observe. Comme s’il voulait garder le reste de l’image pour lui. Un artiste chez qui la photographie rime avec élégance sublime et poésie, comme une évidence. On aurait aussi bien pu le rencontrer galerie Agathe Gaillard, à Paris, où il a exposé au printemps 2010. Modestement. Il nous tend son dernier ouvrage « tout chaud, il a à peine 15 jours ! », lance-t-il. Heureux photographe. Il capte la féminité comme peu. Non seulement chez les femmes, mais aussi dans les objets, les lieux.
Glamour chic
A travers un noir et blanc gracieux où circulent les ombres, Hiro Matsuoka écrit une histoire où la douceur, le glamour chic, sont omniprésents. Même là où on ne les attend pas : l’urbanité, la nature. Un mur, une fenêtre, une vitrine, une rue de Paris ou de quelque ville en Allemagne où le photographe réside en ce moment. Ainsi, les fenêtres de cet immeuble contemporain à travers lesquelles se reflète le feuillage des arbres (Spiegel, 2009). Des adolescentes prennent un bain au bord d’un ruisseau, tout est paisible, le soleil irradie la photo, magnifie le paysage (Ente, 2008). Regarder ces images, c’est se souvenir à quel point la société est en manque de cela : l’élégance. Trop rare. Ici, le temps est comme suspendu, les photos nous mènent ailleurs, dans un temps irréel ou passé (Café Budapest, 2008). Hiro Matsuoka serait alors l’héritier discret des « grands » du siècle dernier. Jacques-Henri Lartigue via Jean-Loup Sieff… Quel bonheur de feuilleter l’ouvrage The Undescribed Dance, de quoi vous redonner le goût du chic intemporel. Rêver que tout cela fasse partie du quotidien, quand la caméra de Truffaut filmait Françoise Dorléac. La beauté, tout simplement.
© Corinne Bernard, janvier 2011. Parution : vivreabarcelone.com

Photos :  © Hiro Matsuoka. 1- Café Budapest, 2008. 2- Enter, 2008. 3- Edgar Quinet, 2008. 4- Glieder, 2009.
Hiro Matsuoka, photos visibles à la galerie Kowasa jusqu’au 22 janvier 2011. Mallorca, 235. Barcelona.
Dernier ouvrage paru : The Undescribed Dance. hiromatsuoka.com

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