Chiho Aoshima

Pink in Japan

© Chiho Aoshima

Dans le cadre de son cycle intitulé Kawaii, consacré à la jeune création japonaise, la Fondation Miro nous embarque dans l’univers ambigu de Chiho Aoshima.

Des crânes envahis par l’herbe folle, des visages féminins à mi-chemin entre mangas et estampes japonaises, sombres abysses ou couleurs acidulées de l’enfance… C’est le monde en demi-teintes de la jeune artiste japonaise Chiho Aoshima. Toute l’ambivalence du Japon est visible à travers les oeuvres exposées à l’Espai 13 de la Fondation. Il est clair que Chiho Aoshima est fortement imprégnée de toute ces juxtapositions improbables. Pour preuve, ses jeunes filles aux grands yeux, perchées, ou plutôt ficelées façon bondage aux branches de cerisiers voluptueux. Ici, le ciel est rose bonbon tandis que les sublimes cerisiers trouvent leurs racines dans un amoncellement de crânes humains inoffensifs. Car rien de perturbant ou de choquant ici pour le spectateur, l’artiste a simplement le (bon) goût pour la juxtaposition du désir et de la mort. On le voit plus loin avec cet hommage au sculpteur allemand Max Klinger intitulé Paraphrase from the Finding of a glove, où une multitude de crânes (fil d’Ariane de l’expo, on l’aura compris), sont rejetés par les vagues vers le rivage… Ici, la mer a des accents d’estampe, un hommage aussi aux anciens maîtres des beaux-arts tels qu’Utagawa Kuniyoshi (XIXe siècle). Enfin, peints pour cette exposition, Chiho Aoshima dévoile une série de petits tableaux sur l’astrologie asiatique (c’est l’année du rat !). On trouve là beaucoup de finesse et de douceur grâce à l’utilisation de l’aquarelle et de crayons de couleurs. Les animaux de chacun des signes sont accompagnés de jeunes filles aux allures d’héroïnes mangas. Troublant.

© Corinne Bernard

Exposition visible à l’Espai 13 de la Fondation Miro, jusqu’au 24 mars. Parc du Monjuic. www.bcn.fjmiro.es

A lire également