Andy Christopher Makos 86
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Warhol et la Factory, des images

Andy me photographiant, et toi aussi, 1986© Christopher Makos
Edie Sedgwick utilisant l’unique téléphone de la Factory, 1965-1967© Stephen Shore
© Brigid Berlin, sans titre, 1969-1970

Un parcours jouissif dans les coulisses de la Factory avec ses fêtes, ses expos, ses groupies… Des photos de Cecil Beaton en passant par Stephen Shore et Jonas Mekas, mais aussi par les polaroïds d’Andy Warhol. “De la Factory au monde : la photographie et la communauté de Warhol”, une expo proposée au Palau de la Virreina, en plein cœur de Barcelone, jusqu’au 25 novembre 2012.

La Factory était un grand laboratoire new yorkais qui distillait de l’art et du glamour, une certaine aura toute particulière à ces années 60-70 et 80 où l’art s’accomodait du scandale et des drogues, histoire de provoquer mais surtout, de créer. La publicité, la presse, la photo, étaient alors une condition sine qua non de l’existence de la Factory. L’art et les postures. À travers les photos montrées ici, on observe à quel point Andy Warhol était marqué par ce qu’il nommait sa “social desease”, sa maladie sociale. Cette frénésie de fête, d’être partout, de ne rien manquer de ce qu’il y a à voir, de toutes les soirées. Être toujours auprès des happy few, les plus beaux de New York. Démarrée en 1962, la Factory est le lieu de toutes les rencontres, des amis, des amants, des curieux, des groupies telles que la diaphane Edie Sedgwick. Warhol est depuis lors celui qui aura le plus marqué l’histoire de l’art et changé totalement son esthétique et sa manière de se mouvoir. Une métamorphose s’opère dans l’espace socio-culturel d’une ville et à échelle internationale. La Factory est dès ses débuts le symbole de la dynamique, de l’expérimentation, de la performance, bref de l’art en mouvement, in progress. Une communauté de plasticiens, cinéastes, musiciens s’est rassemblée pour produire quantité de pièces majeures. La photo n’est jamais délaissée et Warhol développe une forme d’obsession pour cet objet qui lui permet d’immortaliser, voire de sacraliser des moments de création tous azimuts. Elle lui permet aussi de montrer l’autre côté du miroir, l’envers du décor de ce grand projet. Avec la photo, il immortalise tous les événements Factory. Le polaroïd devient une prolongation de son travail et il réalisera 13 000 images entre 1976 et 1987. Lui, qui à travers le Pop Art voulait désacraliser la peinture, en faire un objet public bien visible, ne pouvait trouver mieux que l’usage du Polaroïd. L’instantanéité. Andy Warhol côtoie les meilleurs photographes, journalistes, artistes ou photographes de mode tels que le célèbre Cecil Beaton dont on peut voir quelques clichés pris dans les locaux du groupe, à Union Square West, New York. Où l’on observe cette volonté de provocation, de se démarquer de toute posture académique. Une explosion de moments fous et de parcelles plus intimes c’est ce qu’on voit aussi à travers les images de Nat Finkelstein, Jonas Mekas, Billy Name, Brigid Berlin, Christopher Makos ou Stephen Shore. Quelques signatures illustres de la photo, Andy Warhol a toujours su s’entourer.

L’univers Factory

Des clichés en noir et blanc, des portraits couleurs de Edie Sedgwick, l’égérie Pop Art tombée sous les griffes parfois blessantes du mentor Warhol, du haut de sa fragilité. Il y a le Velvet Underground porté par John Cale, Lou Reed, Nico… et puis le sulfureux acteur Joe Dallesandro (on l’aperçoit dans le court-métrage de Jonas Mekas, Scenes from the Life of Andy Warhol, 1963-1990). Le film de Mekas montre aussi la première apparition publique du Velvet Underground, et le quotidien visible de Warhol. Une fascination, que l’on aime ou pas ses oeuvres. Soup Campbell, sérigraphies, performances délirantes. Que cet univers plastique nous touche ou pas, il fascine aujourd’hui comme il a fasciné toute une génération Pop Art.  Une génération flirtant avec John Lennon, Lou Reed, Jackie O., Basquiat et tous ceux qui évoluaient dans un univers excitant où le mot d’ordre était de se démarquer des autres. Et, de Divine à Blondie en passant par Yoko Ono, Patti Smith ou David Bowie (en 1971, le musicien publie Hunky Dory où figure le titre Andy Warhol), les icônes s’inspiraient de l’univers Factory. Un laboratoire artistique vertigineux porté par la fête, la musique, les drogues, les stars… Une curiosité sans concessions. Andy Warhol aura réussi cette gageure de sortir les arts-plastiques de l’immobilité de certains musées pour les offrir à la lumière des rues de New York et d’ailleurs. Beaucoup suivent encore ce sillage fantastique.

© Corinne Bernard, octobre 2012. Parution : vivreabarcelone.com

Exposition visible jusqu’au 25 novembre 2012 au Palau de la Virreina Centre de la Imatge ( Rambla, 99), Barcelone (Métro : Catalunya, Liceu). Du mardi au vendredi et dimanche et fêtes, de 10 h à 20 h. Entrée libre. http://lavirreina.bcn.cat/

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