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The Bling Ring

 
 
 

Des demoiselles et leur meilleur ami en goguette dans Los Angeles by night. Mais qu’est-ce qui les branche tant au point d’aller voler les villas de leurs idoles Paris Hilton, Orlando Bloom ou Rachel Bilson ? Entrer dans les villas des people pendant qu’ils sont occupés ailleurs à des fiestas de strass et de paillettes… Ah, les sacro-saintes marques qui remplissent une vie. Vuitton, Cartier, Chanel… et toute la panoplie du fric c’est chic condimentée par l’aura populaire de ces stars en toc, voilà ce qui les fait vibrer. Surnommé par les médias The Bling Ring, ce gang de post-adolescents a réellement pillé comme on joue pour des millions de dollars, de 2009 à 2010. La filmographie de Sofia Coppola, de Virgin Suicides à Somewhere en passant par le Versailles-pop Marie-Antoinette, égrene le vide existentiel dans ce qu’il peut avoir de plus triste ou de plus dérisoire. Si l’avant-dernier, Somewhere (2010), nous menait dans l’intimité d’un acteur paumé et rattrapé du plongeon dans la piscine par sa fille de onze ans, The Bling Ring montre la vacuité dans ce qu’elle comporte de plus anxiogène  : ce besoin de la combler en s’appropriant les objets clinquants de stars adulées, véritables modèles pour ces gamins de Los Angeles perdus entre stroboscopes quotidiens, cocaïne et scandales hollywoodiens. Le film raconte une tranche de vie de ces cinq-là. Une petite bande joyeuse vêtue du complet uniforme des magazines, uniques lectures extra-scolaires. La réalisatrice, cinéaste prodige, elle-même baignée depuis toujours dans l’univers affriolant du cinéma via sa célébrité de père, épingle les travers auxquels elle a su échapper mieux que d’autres enfants de stars ou de milliardaires (on ne pourra pas en dire autant de Paris Hilton…).  
Misfits 

Le spectateur suit le jeune gang, Misfits de notre siècle, dans ses virées nocturnes, entre clubs où vont danser leurs stars préférées (on y aperçoit d’ailleurs la demoiselle Hilton) et cambriolages. Le but avéré et non dissimulé de ces beaux gosses qui ont tout pour eux, ils ne viennent pas de la working-class, n’habitent pas des banlieues mornes, est de briller façon “bling-bling” à coup de sacs Louis Vuitton, montres Rolex et autres reflets de la richesse et des projecteurs. L’important étant de combler les trous d’une existence sans idéaux et sans imaginaire. Alors imiter à tout prix les people, icônes luxueuses, jusqu’à pénétrer dans l’intimité de leurs villas hollywoodiennes, porter leurs vêtements, leurs bijoux siglés. Et puis, s’en vanter dans les clubs et soirées privées avec autant d’emphase que possible :  “Waow ! vise un peu mes Manolo Blahnik fauchées chez Paris !” 
Un véritable jeu, un plaisir à poster sur Facebook qui leur fournit au passage adresses et emploi du temps de leurs starlettes à voler. La vacuité érigée en totem. Une fois de plus, Sofia Coppola met le doigt où cela fait mal. Une société sur le déclin, dénuée de repères hormis ceux du domaine des apparences… où tout devrait être aussi lisse et rutilant que les semelles d’une paire de Louboutin.

© Corinne Bernard, octobre 2013. Parution vivreabarcelone.com


The Bling Ring, un film de Sofia Coppola, avec Taissa Farmiga, Israel Broussard, Emma Watson… À l’affiche en Espagne le 11 octobre 2013.

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